15 mai 2011

Tim O'Brien : A propos de courage - livre magistral



Paru aux excellentes éditions Gallmeister (j'y reviendrai), le livre de Tim O'Brien : A propos de courage, est un récit/roman magistral, concis et émouvant. La quatrième de couverture nous renseigne assez bien : « Tim O’Brien, jeune homme projeté malgré lui dans le tumulte d’un conflit sanglant, celui du Vietnam, tente, vingt ans après, d’exorciser les fantômes qui le hantent. » Le début du livre est percutant. La suite jette le doute sur le genre : roman, autobiographie ? On conclut assez vite que l’on se trouve face à un texte hybride, mais on s’en moque vite, tant la force de l’écrivain est de conserver une crédibilité intacte quand il décrit avec minutie les doutes, les horreurs, les joies et les peines des soldats américains pris dans le bourbier vietnamien.
Il y a également des passages qui interrogent sur le travail d’écriture. Ainsi, page 50 : « Quarante-trois ans, et la guerre a commencé quand je n’en avais même pas la moitié, mais pourtant les souvenirs la ramènent au présent. Et parfois ces souvenirs mènent à une histoire qui la rend éternelle. C’est à cela que servent les histoires. Les histoires permettent de relier le passé et l’avenir. Les histoires sont faites pour les heures tardives de la nuit lorsque vous ne pouvez plus vous rappeler comment vous êtes allé de l’endroit où vous étiez à l’endroit où vous êtes maintenant. Une histoire existe pour l’éternité, même quand la mémoire est effacée, même quand il n’y a plus rien d’autre à se rappeler que l’histoire elle-même. »
Et, plus tard, page 80 : « Une histoire de guerre véridique n’est jamais morale. Elle n’est pas instructive, elle n’encourage pas la vertu, elle ne suggère pas de comportement humaniste idéal, elle n’empêche pas les hommes de continuer à faire ce que les hommes ont toujours fait. Si une histoire vous paraît morale, n’y croyez pas. Si, à la fin d’une histoire de guerre, vous vous sentez ragaillardi, ou si vous avez l’impression qu’une parcelle de rectitude a été sauvée d’un immense gaspillage, c’est que vous êtes la victime d’un très vieux et horrible mensonge. »
Au final, ce livre est très émouvant. Il nourrit pour nous la réflexion éternelle sur l'utilité de la guerre ; il montre l'homme écorché, hésitant, il montre les anti-héros dont notre société a besoin, il décrit l'humilité face au devoir national et il nous demande, du bout des lèvres, cette reconnaissance que nous devrions pourtant tous éprouvé pour ceux qui, à quelque endroit que ce soit, se sont battus pour la liberté.