25 novembre 2007

Le Japon de Jean Pérol

Avec son dernier roman, l'écrivain Jean Pérol (trop peu connu du grand public) captive, passionne et envoûte le lecteur.

LE SOLEIL SE COUCHE A NIPPORI est le titre de ce roman paru en septembre 2007 aux éditions La Différence.

Il faut s'attendre à un récit dense, teinté d'érotisme, et à un voyage intime, au pays du soleil levant, au pays de l'amour, et dans la vie d'un homme.

Avec pudeur, et avec un style qui parfois n'est pas sans rappeler Louis-René Des Forets, Jean Pérol écrit une autobiographie remarquable et terriblement émouvante.

26 octobre 2007

Un peu d'Inde

BOMBAY, MAXIMUM CITY
de Suketu MEHTA.

Terrible, instructif, géant, dépaysant, complet, brillant, étonnant.
Tels sont quelques uns des qualificatifs que l'on peut appliquer à ce livre somme qui pourtant se lit comme un roman passionnant.
Pour une plongée dans Bombay, ville géante et martyre du XXIème siècle, Sukety MEHTA détient le secret et l'art.


Dans un registre un peu différent, et dans l'excellente collection Pavillons poche de Robert Laffont, nous lirons, de Upamanyu CHATTERJEE :
LES APRES-MIDI D'UN FONCTIONNAIRE TRES DEJANTE.
Il y a ici aussi de quoi pénétrer le plus profond de l'Inde, sur le ton de l'humour, mais sans se détacher de la vérité envoûtante que contient la péninsule indienne.

Après ces deux livres là, on n'est plus tout à fait un lecteur comme les autres et, dans sa France natale, on ne voit plus tout à fait le monde comme avant.

25 mars 2007

Jeune fille, d'Anne Wiazemsky

(Gallimard, 2007)

Dans ce roman fort bien écrit, A. W. raconte son premier tournage avec Robert Bresson. Elle raconte comment elle a pu intégrer une équipe de tournage, devenir, le temps d’un film, l’égérie du cinéaste, et passer son temps sur le plateau. Elle montre aussi combien cette expérience l’a faite femme. Il faut préciser que l’auteure est la petite fille de François Mauriac, et que cette parenté a permis aussi une meilleure passerelle vers le monde particulier du cinéma. Le plateau de tournage de Robert Bresson, une jeune femme dans les années soixante, l’émancipation, l’entourage d’un vieil écrivain célèbre, une société qui, comme l’auteure, se découvre... tout est propice pour faire de la lecture de ce roman un moment très agréable. A. W. sait parfaitement décrire les ambitions, les hésitations, les reculs et les tendresses qui l’ont liée, pour un temps, au célèbre cinéaste.

« [la maison] avait abrité, donc favorisé, les liens si singuliers qui s’étaient jour après jour, tissés entre nous et dont j’ignorais encore à quel point ils allaient profondément et pour toujours orienter ma vie. »

« Au sortir du métro Trocadéro, je m’arrête pour marquer une pause. Un brouillard humide et poisseux estompe les bâtiments du palais de Chaillot, l’esplanade, la tour Eiffel, un peu plus loin. Ce brouillard d’octobre accentue l’étrangeté de mon retour à la vie normale : la maison et ma famille, la veille, le collège de Sainte-Marie, maintenant. Depuis que je suis rentrée chez moi, j’ai le sentiment d’être une étrangère en visite. Ma vie n’est pas vraiment là. Ni auprès de Robert Bresson ni au sein de l’équipe du film, comme je l’ai cru durant l’été : cela aussi est terminé (…) Ma vie, ce serait autre chose. »

28 janvier 2007

Une désolation, Yasmina REZA

(Editions Albin Michel -1999)


La désolation, c’est le spectacle affligeant des gens qui croient vivre mais ne jouent qu’un spectacle minable. La désolation, c’est les liens qui se distendent entre un père et un fils, c’est les déchirures du couple et les fracas de l’amour. La désolation est racontée ici, dans un style particulier (ni vrai dialogue, ni syntaxe très académique), par un père. Il y a beaucoup d’autodérision dans cette confession, beaucoup de désillusion, de regards crus et acides sur l’existence des uns et des autres. « Aussitôt je pense et toi aussi tu t’occupes, que fais-tu là sinon t’occuper, vous vous occupez elle et toi, désormais citoyens d’un monde où le désir a cessé d’être. Un monde où le terreau et le gardénia tiennent lieu de devenir. Le terreau, le gardénia, les couvertures de change, les petites affaires à droite à gauche, le boursicotage et les maux tiennent lieu de vie. Un monde sans Terre promise, sans brûlures, sans victoires ni défaites, un monde où l’impatience est vaine une fois pour toutes. »

L'univers et la phrase de Yasmina REZA sont vraiment à découvrir.

07 janvier 2007

L'enfer des tournantes - Samira Bellil


Le récit de Samira Bellil est celui d’une enfant des cités qui subit, dès l’âge de 14 ans, un viol collectif.
Dès les premières phrases, le récit est bouleversant et poignant. Samira Bellil raconte son chemin de douleur, avec au ventre la volonté de faire naître autre chose que l’indifférence. C’est bien sûr écrit sans concession, c'est-à-dire que l’on comprend mieux, avec la phrase, avec le verbe, la plongée dans la violence et dans l’injustice.
« Les filles étaient des marchandises, et elles le sont encore. Cela n’étonne personne, c’est passé dans les mœurs. (…) Dans les cités ou dans les quartiers chauds, le machisme traditionnel de la maison est descendu dans la rue. » (Page 54).
« Je suis le fruit de deux traditions, de deux modes de vie complètement contradictoires. J’ai reçu de mes parents une éducation traditionnelle que l’on ne m’a jamais expliquée autrement qu’avec des coups, des cris ou des glaviots. » (Page 58).
L’auteure raconte au terme du récit comment une psychothérapie corporelle lui a permis de sortir de cet enfermement dans lequel l’avaient plongée les viols et les incompréhensions familiales.
Cette confession longue et toute de sensibilité apporte beaucoup pour qui veut connaître les banlieues et une partie de leurs problèmes. La condition de la femme fait l’objet d’une critique sévère mais a priori très réaliste.