27 mai 2006

Moi, Charlotte Simmons de Tom WOLFE

Ce roman est une satire féroce de la vie dans les universités américaines en ce début de siècle. Sur un campus dont le nom sonne étonnamment français (Dupont), Charlotte Simmons découvre péniblement les affres de la vie étudiante ; elle se heurte d’abord à l’omniprésence d’une sexualité débridée. Elle apprend ensuite et surtout combien les amitiés sont difficiles ; elle fait l’apprentissage des relations humaines en dehors d’un cocon familial protecteur. Ce paraît être là l'essentiel du livre : la mutation de la jeune fille en femme, aux plans physiologique et moral. Tom Wolfe ne signe pas seulement ici un roman à l’humour féroce. Il accompagne son personnage avec sensibilité, n’use pas de lieux communs, ne force pas le trait. La dimension sociologique du roman n'est pas à négliger. La description d'une université américaine est minutieuse, acide certes, mais instructive. Certaines pratiques sont montrées avec réprobation et, on le perçoit, beaucoup de justesse.
C’est très réussi. Ce roman épais (650 pages) se lit avec avidité. Le ton caustique mais non dénué d’humour en fait un livre captivant.

10 mai 2006

Lucia ETXEBARRIA : Aime-moi, por favor

A travers une quinzaine de textes, L. E. convie le lecteur à s’interroger sur l’amour, dans le couple essentiellement. Les histoires ont pour personnages des espagnols du vingtième siècle, des couples hétéros et homosexuels, des couples jeunes et des couples plus vieux.
De leur diversité cependant naît une vérité : l’amour ne semble pas être le paradis auquel, mièvrement, on croit quand on est jeune. L’amour en couple est fait de duperies, de cris, de coups, de tromperies, d’envies et de refus.
Ce que dit l’auteure, aussi, c’est que, de l’amour en couple, c'est plus souvent la femme qui tient le rôle de victime. Tout cela est dit avec beaucoup de légèreté, et c'est certainement ce qui fait plus réfléchir encore. La rancoeur ne perce pratiquement pas de ces textes dont on retient très bien le message grâce à un humour féroce et décapant.
C'est moderne, très agréable à lire, détendant et réfléchi.
« La plupart des femmes de ma génération ont été élevées par une femme qui ne travaillait pas en dehors de la maison. Dans la plupart des cas, la situation de nos génitrices ne découlait pas d’un libre choix, mais avait été imposée par un père qui ne lui avait pas permis de faire d’études ou par un mari qui considérait comme un déshonneur que sa (tu remarqueras le possessif) femme travaille. Nous sommes très nombreuses à avoir entendu nos mères se plaindre de l’erreur qu’elles avaient commise, affirmer que le mariage et les maternités avaient annihilé leur être, leur interdisant de conserver le plus petit espace (…) pour elles-mêmes. »

Née en 1966, Lucía Etxebarria est journaliste et romancière. Après une biographie de Courtney Love en 1996, elle publie Amour, Prozac et autres curiosités qui devient très vite un formidable best-seller. Elle a publié depuis Beatriz et les corps célestes (Prix Nadal en 1998), De l’amour et autres mensonges (Prix Primavera, 2001), et un recueil de nouvelles : Aime-moi, por favor ! Son dernier roman, Un miracle en équilibre (éditions Héloïse d'Ormesson, 2006), a reçu le prix Planeta en 2004.