25 mars 2007

Jeune fille, d'Anne Wiazemsky

(Gallimard, 2007)

Dans ce roman fort bien écrit, A. W. raconte son premier tournage avec Robert Bresson. Elle raconte comment elle a pu intégrer une équipe de tournage, devenir, le temps d’un film, l’égérie du cinéaste, et passer son temps sur le plateau. Elle montre aussi combien cette expérience l’a faite femme. Il faut préciser que l’auteure est la petite fille de François Mauriac, et que cette parenté a permis aussi une meilleure passerelle vers le monde particulier du cinéma. Le plateau de tournage de Robert Bresson, une jeune femme dans les années soixante, l’émancipation, l’entourage d’un vieil écrivain célèbre, une société qui, comme l’auteure, se découvre... tout est propice pour faire de la lecture de ce roman un moment très agréable. A. W. sait parfaitement décrire les ambitions, les hésitations, les reculs et les tendresses qui l’ont liée, pour un temps, au célèbre cinéaste.

« [la maison] avait abrité, donc favorisé, les liens si singuliers qui s’étaient jour après jour, tissés entre nous et dont j’ignorais encore à quel point ils allaient profondément et pour toujours orienter ma vie. »

« Au sortir du métro Trocadéro, je m’arrête pour marquer une pause. Un brouillard humide et poisseux estompe les bâtiments du palais de Chaillot, l’esplanade, la tour Eiffel, un peu plus loin. Ce brouillard d’octobre accentue l’étrangeté de mon retour à la vie normale : la maison et ma famille, la veille, le collège de Sainte-Marie, maintenant. Depuis que je suis rentrée chez moi, j’ai le sentiment d’être une étrangère en visite. Ma vie n’est pas vraiment là. Ni auprès de Robert Bresson ni au sein de l’équipe du film, comme je l’ai cru durant l’été : cela aussi est terminé (…) Ma vie, ce serait autre chose. »