28 janvier 2007

Une désolation, Yasmina REZA

(Editions Albin Michel -1999)


La désolation, c’est le spectacle affligeant des gens qui croient vivre mais ne jouent qu’un spectacle minable. La désolation, c’est les liens qui se distendent entre un père et un fils, c’est les déchirures du couple et les fracas de l’amour. La désolation est racontée ici, dans un style particulier (ni vrai dialogue, ni syntaxe très académique), par un père. Il y a beaucoup d’autodérision dans cette confession, beaucoup de désillusion, de regards crus et acides sur l’existence des uns et des autres. « Aussitôt je pense et toi aussi tu t’occupes, que fais-tu là sinon t’occuper, vous vous occupez elle et toi, désormais citoyens d’un monde où le désir a cessé d’être. Un monde où le terreau et le gardénia tiennent lieu de devenir. Le terreau, le gardénia, les couvertures de change, les petites affaires à droite à gauche, le boursicotage et les maux tiennent lieu de vie. Un monde sans Terre promise, sans brûlures, sans victoires ni défaites, un monde où l’impatience est vaine une fois pour toutes. »

L'univers et la phrase de Yasmina REZA sont vraiment à découvrir.

07 janvier 2007

L'enfer des tournantes - Samira Bellil


Le récit de Samira Bellil est celui d’une enfant des cités qui subit, dès l’âge de 14 ans, un viol collectif.
Dès les premières phrases, le récit est bouleversant et poignant. Samira Bellil raconte son chemin de douleur, avec au ventre la volonté de faire naître autre chose que l’indifférence. C’est bien sûr écrit sans concession, c'est-à-dire que l’on comprend mieux, avec la phrase, avec le verbe, la plongée dans la violence et dans l’injustice.
« Les filles étaient des marchandises, et elles le sont encore. Cela n’étonne personne, c’est passé dans les mœurs. (…) Dans les cités ou dans les quartiers chauds, le machisme traditionnel de la maison est descendu dans la rue. » (Page 54).
« Je suis le fruit de deux traditions, de deux modes de vie complètement contradictoires. J’ai reçu de mes parents une éducation traditionnelle que l’on ne m’a jamais expliquée autrement qu’avec des coups, des cris ou des glaviots. » (Page 58).
L’auteure raconte au terme du récit comment une psychothérapie corporelle lui a permis de sortir de cet enfermement dans lequel l’avaient plongée les viols et les incompréhensions familiales.
Cette confession longue et toute de sensibilité apporte beaucoup pour qui veut connaître les banlieues et une partie de leurs problèmes. La condition de la femme fait l’objet d’une critique sévère mais a priori très réaliste.