07 novembre 2006

Daniel Rondeau : L'enthousiasme

Très fort, sobre, et très très beau !

Ce récit autobiographique, à la phrase courte mais magistrale, convie le lecteur à suivre les premières années de l’auteur, celle de sa vie de « Mao », celle d’un sympathisant à la cause révolutionnaire.
Rondeau le dit lui-même, et assez souvent : quelle était la vraie motivation à cet engagement, quel était l’horizon cherché ? Pour autant qu’il puisse être honnête avec lui-même, et qu'il détecte, longtemps après, les aspérités et les fatuités de son engagement, il ne remet pas fondamentalement en cause cette vie qu’il s’était choisie, celle de l’établissement (le renoncement à la vie étudiante pour la pratique ouvrière, l’insertion dans le monde de l’usine).
Il y a, tout au long du récit, la force de cette sincérité.
« Peut-on, à peine sorti de l’ivresse de l’adolescence, flairer l’avenir, et se faire une idée nette des manigances du hasard, de la fatalité et de la volonté ? » (Page 130)
Le style de Daniel Rondeau s’appuie sur une phrase courte donc, et un vocabulaire riche. Certaines descriptions sont de toute beauté autant que d’austérité :
« J’ai retenu une chambre dans un hôtel de la place Stanislas. (…) la claire beauté des façades me saute à la figure. Je respire un air vif, tombé des Vosges, dont les chaumes sont calottés de neige. Tout est net. Les pavés de la place, débarrassée de la circulation des autos, semblent astiqués par la nuit (…) Aux quatres coins du ciel, en équilibre sur de hautes corniches, des angelots arborent des sourires de marbres. Sur les piques et les grilles de Jean Lamour, une poussière d’or frais éclabousse le silence de sa jeune lumière. » (Page 123)

01 novembre 2006

Jean GIRAUDOUX - (citation)

"- Comment cela s'appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd'hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l'air pourtant se respire, et que tout est perdu, que la ville brûle, que les innocents s'entretuent, mais que les coupables agonisent dans un coin du jour qui se lève ?
- Cela a un très beau nom (...) cela s'appelle l'aurore."


(Electre, 1937 )