
Ne nous trompons pas : si l'humour de Beigbeder donne l'assurance de passer à chaque fois un agréable moment, on trouve aussi toujours une causticité empreinte d'autodérision et de réalisme. Ce qui fait rire donne toujours à réfléchir.
Car Beigbeder sait écrire. Il nourrit son texte de références, il adopte un style moderne, fait la phrase avec les mots d'aujourd'hui, et donne la preuve qu'avec un vocabulaire très actuel on peut écrire avec détachement (humour), sensibilité et vérité.
Sous ses airs futiles et comique "à deux balles", FB alimente sérieusement la réflexion sur les tics de notre époque. Il s'interroge avec perspicacité sur le monde contemporain et permet au lecteur, assidu ou non, de trouver, en (sou)riant, ce qui détermine notre société : l'argent (toujours), le sexe (un peu), la drogue (suffisamment), l'alcool (idem), les femmes et le questionnement sur sa propre utilité et les vraies valeurs.
"Tant qu'à être mesquin, autant y aller carrément. Il n'y a pas que les cercles qui soient vicieux."
Sans se prendre au sérieux donc, FB nous invite pourtant à véritablement nous contempler dans nos vices, nos manies et nos "médiocritudes".
(on lira, avec gravité et interrogation, l'excellent Windows on the world, du même auteur.)
(et aussi, plus légers : L'amour dure trois ans, 15 euros, etc...)
(notons enfin : Dernier inventaire avant liquidation. Cet opus qui établit un top 50 des romans français du XXème siècle est une merveille de fiches de lectures non conventionnelles. Il permet de revenir d'une manière très sympathique sur ce qu'on a lu ou aurait du lire. EXCELLENT !!)