20 janvier 2006

Katherine MANSFIELD : Journal

"Le vent s'est éteint au coucher du soleil. L'anneau brisé d'une lune est suspendu dans l'air vide. Il fait très calme. J'entends quelque part une femme chantonner doucement une chanson. Peut-être est elle blottie devant le poêle dans le corridor, car c'est une chanson comme les femmes chantent devant le feu, rêveuse, tiède, assoupie, confiante. Je vois une petite maison, avec des plates-bandes fleuries sous les fenêtres et la masse moelleuse d'une meule de foin par derrière. Toutes les poules sont allées se coucher : ce sont, sur les perchoirs, des tâches molles et laineuses. Le petit cheval est à l'écurie, une couverture sur le dos. Le chien est étendu dans la niche, la tête sur les pattes de devant. Le chat est autour de lui. Et l'homme, jeune encore, insouciant, approche ; il gravit la route derrière la maisonnette. Soudain, une tâche de lumière apparaît à la fenêtre et tombe sur la corbeille de pensées au dessous ; l'homme presse le pas en sifflant."

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