18 décembre 2005

Justine Lévy

Rien de grave
(éditions Stock - 2004 puis Le livre de poche - 2005)

C'est une confession d'une grande sensibilité que nous livre ici la fille de BHL.
Elle raconte la vie bousillée par les médicaments, la dépendance, la maladie de la mère, la séparation d'avec l'homme aimé.
Elle dit tout cela, sans fards ni détours. Et c'est très émouvant, parce qu'il n'y a rien d'artificiel. Ce n'est pas la rédaction d'après un atelier d'écriture. C'est une mise à nu remarquablement pudique, écrite sur le fil du rasoir, et qui me fait penser aux livres d'Hervé Guibert.
Le style préserve la sincérité. Il exprime toute la violence intérieure, tous les tourments :
"Plus tard, quand je serai bien réveillée, je lui dirai Maman je ne veux pas que tu entres dans ma chambre comme ça le matin, je ne suis pas seule, je n'ai plus quinze ans. Elle réalisera, elle sera humiliée, elle sera mortifiée (...) Mais moi aussi j'aurai honte, qu'est-ce que ça peut faire, quelle importance qu'elle entre dans ma chambre, elle est malade, elle veut rattraper toutes ces années sans thé au miel (...) qu'est-ce que j'en ai à foutre de mon intimité, elle est si, elle est si, quels mots pour dire cette tendresse-là, cet amour-là (...)"
La grande force de cette confession est qu'elle est tissée autour de l'amour. L'amour pour la mère, l'amour pour le compagnon, l'amour de la vie, finalement, qu'il faut se résigner à embrasser comme les autres...
"Aimer ça ne veut pas dire se ressembler. Aimer ça ne veut pas dire être pareils, se conduire comme deux jumeaux, croire qu'on est inséparables. Aimer c'est ne pas avoir peur de se quitter ou de cesser de s'aimer. Aimer c'est accepter de tomber, tout seul, et de se relever, tout seul, je ne savais pas ce que c'est qu'aimer, j'ai l'impression de le savoir aujourd'hui un peu plus."
Il ne faut pas finir l'année 2005 sans avoir lu cette confession moderne et nourrissante.

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