18 décembre 2005

Se souvenir de Jean Giono (2)...

QUE MA JOIE DEMEURE (Bernard Grasset 1934 puis Folio)

"C'était une nuit extraordinaire.
Il y avait eu du vent, il avait cessé, et les étoiles avaient éclaté comme de l'herbe. Elles étaient enfouies en touffes avec des racines d'or, épanouies, enfoncées dans les ténèbres et qui soulevaient des mottes luisantes de nuit.
Jourdan ne pouvait pas dormir. Il se tournait, se retournait.
"Il fait un clair de toute beauté", se disait-il.
Il n'avait jamais vu ça.
Le ciel tremblait comme un ciel de métal. On ne savait pas de quoi puisque tout était immobile, même le plus petit pompon d'osier. Ça n'était pas le vent. C'était tout simplement le ciel qui descendait jusqu'à toucher la terre, racler les plaines, frapper les montagnes et faire sonner les corridors des forêts. Après, il remontait au fond des hauteurs. (...)
Pas de lune, oh ! pas de lune. Mais on était comme dessous des braises, malgré ce début d'hiver et le froid. Le ciel sentait la cendre. C'est l'odeur des écorces d'amandiers et de la forêt sèche.
"

Qui peut dire, en lisant Que ma joie demeure, en se confrontant à la densité de textes où foisonnent les images, et où un véritable univers romanesque se dessine, que Giono est un écrivain régionaliste ?

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